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Le soleil pompa les courages.
Les arbres et les pâturages
N’étaient plus que des fumerons.
Les vaches, en quelques provinces,
Durent — leurs pis étant trop minces, —
Nourrir les veaux au biberon !

Les brebis grasses étaient maigres,
Les gens plus roussis que des nègres,
Paraît-il, en ces jours maudits.
Pour manger des pommes de terre,
Il fallait être milliardaire…
On faillit manquer de radis.

Ainsi se plaignit le vulgaire.
Mais ce que l’on ne nous dit guère,
Où l’on n’insiste pas surtout,
C’est que, pendant ces jours torrides,
Où les citernes étaient vides,
— Ce dont je me moque après tout —

Aux fins et but de Vendémiaire,
Le soleil versait sa lumière
Sur nos admirables coteaux,
Et, pour nos futures agapes,
Nous façonnait de telles grappes
Qu’elles résistaient aux couteaux.

Mon exigence n’est pas grande :
C’est tout ce que je lui demande
Au soleil. S’il plut seulement