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Dans une touchante harmonie
Les grands aux humbles se mêlaient :
Rêve éteint, vision finie !
Ô temps où les bêtes parlaient !

Jadis, les mères, les épouses
Se montraient merveilleusement
De l’honneur de l’époux jalouses
En ne prenant qu’un simple amant.
Mais entre elles faisant la paire,
Jamais elles ne s’accouplaient ;
Les enfants avaient plus d’un père
Au temps où les bêtes parlaient.

La femme aujourd’hui politique,
Fait sa médecine, son droit,
Aspire à la Chose publique :
Mon Dieu, qui sait ? Moins qu’on le croit
Elle est capable de sottises ;
Mais jadis les hommes trouvaient
Plus de boutons à leurs chemises,
Au temps où les bêtes parlaient.

Au bon temps jadis, sur les places,
Certainement l’on rencontrait
Bien moins de fontaines Wallaces,
Plus de marchands de vin clairet.
Ô crâne temps ! Époques dignes !
Les bons ivrognes se soûlaient
Avec le joli sang des vignes !
Au temps où les bêtes parlaient.