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Quand tes regards ne brillent pas
De leur tendresse coutumière ;

Que tu me grises sans merci,
— Ô toi dont la grâce est l’esclave,
De tes chers baisers, frais ainsi
Que le vin qui sort de la cave ;

Tu sais que la nature en vain
Fait parade de ses merveilles,
Si tu me laisses avoir faim
De tes chairs blondes et vermeilles ;

Que par un seul de tes cheveux,
— Comme un chien que l’on mène en laisse —
Tu peux me conduire où tu veux,
Dompté par ta seule faiblesse.

Comment puis-je te désarmer,
Moi qui par ton souffle respire,
Moi qui suis roi rien qu’à t’aimer,
Poète rien qu’à te le dire ?

Sache donc, mignonne, le cœur
Inséparable du mot j’aime,
— Ainsi le parfum de la fleur
N’est rien autre que la fleur même.

Ah ! je vois bien que tu m’entends,
Car dans ta bouche minuscule
Déjà le rire de tes dents
Allégrement tintinnabule.