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Ils prenaient les sentiers étroits,
Pour y nicher leurs amourettes.
Allez, allez, ô Midinettes,
Cueillir du muguet dans les bois !

Le ciel n’étant pas trop sécure,
Ils mirent le temps à profit.
Je ne sais comment ça se fit,
Mais bientôt sous la voûte obscure,
Elle vit, comme je vous vois,
La feuille à l’envers, sans lunettes.
Allez, allez, ô Midinettes,
Cueillir des muguets dans les bois.

Las ! tout à coup creva l’orage.
Le ciel lâcha ses grandes eaux.
Les voilà trempés jusqu’aux os ;
Ils semblaient sortir d’un naufrage.
Elle voyait fuir sous ses doigts
Ses lourds cheveux en cadenettes.
Allez, allez, ô Midinettes,
Cueillir des muguets dans les bois !

Puis, considérant sa toilette,
Elle disait à son amant :
« Qu’est-ce que va dire maman,
En voyant comme je suis faite ?
Il faut rentrer, je sens le froid…
C’est un vrai temps pour les rainettes. »
Allez, allez, ô Midinettes,
Cueillir des muguets dans les bois !