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Un jour qu’il était à crier
Contre le Ciel et le Prophète,
Un ami l’envoya prier
À je ne sais plus quelle fête.

« Hélas ! dit-il à sa moitié,
Il ignore notre misère.
J’accepterais bien volontiers,
Mais je manque du nécessaire.

« Qu’est-ce que mon ami dirait
De me voir arriver sans page ?
Avec raison il trouverait
Que je manque vraiment d’usage. »

« Eh bien, moi je t’en servirai,
Lui dit sa femme, sois tranquille ;
En garçon je m’habillerai
Et prendrai l’allure virile. »

Les voilà partis, arrivés.
Et si bien reçus par leur hôte,
Les pauvres ! qu’ils croyaient rêver,
Aucun bon soin ne leur fit faute.

Depuis longtemps ils n’avaient vu
Une telle magnificence,
Comme ils n’avaient mangé ni bu
Vins et mets de cette éloquence !