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« Palsambleu ! songea le savant — ce gaillard-là
Doit avoir les entrailles
En furieux état. Il faudra voir cela,
Après ses funérailles. »

Il le fit venir et lui dit : « Vieux dégoûtant !
Va, je connais ton vice.
Vends-moi ton corps (pour quand tu seras mort, s’entend)
Service pour service. »

Vous devez bien penser que notre saligaud
Accepta tout de suite.
Ayant de l’or, il but à tire-larigot
Un jus moins insolite.

Il se fut vite « bu ». Dame ! c’était fatal.
Mettez-vous à sa place…
Ce qui fait qu’il revint à son alcool fœtal,
Dont le nom seul nous glace.

Au surplus, le patron ses bocaux emplissait,
Au fur et à mesure
Que l’autre les vidait. Parfois il s’accusait
De sa manœuvre obscure :

« Mon Dieu — se disait-il — ce malheureux « Coupeau »
À coup sûr il me navre,
Mais, n’est-il pas heureux ? Et puis, combien plus beau
En sera son cadavre ! »