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Jouez, si vous voulez, musiciens, au loin,
Derrière un triple store.
Et si, par hasard, on ne vous entendait point,
Ça vaudrait mieux encore !

Au diable tout concert, quand je mange ! Et pourtant
J’adore la musique
Mais, à table, elle m’est un déplaisir constant,
Fût-elle séraphique.


« Rien ne doit déranger — comme disait Berchoux —
L’honnête homme qui dîne. »
N’aurait-il devant lui qu’une humble soupe aux choux,
Que dis-je ?… une sardine.

Le meilleur repas m’est, je vous le dis tout clair,
Une chose odieuse,
S’il me faut l’avaler, par exemple, sur l’air
De la « Veuve Joyeuse ».

Et je puis encor moins déguster, sacrebleu !
Un vin recommandable,
Cependant que gémit du « Beau Danube bleu »
La valse redoutable.

Non, mais enfin… Messieurs les cabaretiers, me
Prenez-vous pour un cube ?
Vous ne saurez jamais, quand je bois, combien je
Me fiche du Danube !