Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Nous gagnâmes une guinguette,
Où déjà le patron nous guette,
En nous souhaitant « bon matin » :
« Ces messieurs dîneront, sans doute ? »
Nous l’interrompîmes : « Écoute !
Trouve-t-on ici des crétins ? »

Mais lui, fixant comme une cible
Nos deux visages impassibles,
Hésita, craignant de choisir
La réponse définitive,
Qui ferait de nous ses convives,
Ou nous déciderait à fuir.

Enfin, avec un bon sourire,
Il prit le parti de nous dire :
« Non, messieurs, non. — C’est malheureux ! »
Fîmes-nous. « Oui, c’est bien dommage,
Car, désirant leur rendre hommage,
Nous n’étions venus que pour eux. »

Voilà notre homme fort en peine,
Mais, de peur de perdre une aubaine,
« Quoi, messieurs ! c’est donc sérieux !.
Nous dit-il. « Eh bien ! que je meure !
Si vous n’en voyez, tout à l’heure,
Au moins un, des plus curieux. »