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Je fis donc, d’après ce système,
Un album qui, jusques ici,
Ne m’a rien appris. Le voici
D’ailleurs ; feuilletez-le vous-même.

Tenez… remarquez ce baiser
Si joli, de forme si pure.
En sa délicate courbure.
Sans autrement l’analyser,

Vous diriez un baiser de vierge,
N’est-ce pas ? Eh bien, c’est celui
D’un qui, pas plus tard qu’aujourd’hui,
Vient d’assassiner son concierge !

Celui-ci n’est-il pas charmant ?
Il est appuyé, verveux, tendre ;
Pour un peu vous croiriez l’entendre,
C’est un vrai baiser de maman ?

Cet autre est comme une églantine,
Il est rose, frais, cajoleur,
C’est, pour vous, le baiser en fleur,
Éclos d’une bouche enfantine ?..

Et vous en jureriez ? J’ t’en fous !
Le premier est d’une crapule,
Le second c’est au prostibule
Que je le dois. Qu’en pensez-vous ?