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LA NAISSANCE DU « PHILISTIN »


À Georges Courteline.


Le Soleil se leva, ce matin-là, si terne,
Que l’on eût dit un « bren » au fond d’une citerne.
Ce n’était pas, comme on peut croire, au ciel brouillé,
Un soleil qui n’est point encor débarbouillé
Des brumes de la nuit, ni, non plus, une éclipse…
Les savants qui déchiffreraient l’Apocalypse,
En auraient informé depuis longtemps. Oh ! non,
Ce qu’on voyait était une chose sans nom :
Dans un ciel neutre, affreux, sans le moindre nuage,
Qui pût l’agrémenter d’un léger tatouage,
C’était un faux soleil qui sentait le malheur,
Une sorte d’œil mort, sans regard ni couleur.
Telle est, distincte à peine, en une mer confuse,
Une gélatineuse et livide méduse.
Et que se passa-t-il sur Terre, ce jour-là ?
Il se passa ceci, plus troublant que cela :