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Vive l’eau courante des fleuves !
L’eau qui sommeille au fond des puits,
La rosée intime des nuits,
La pluie animant les fleurs neuves !

Vive l’eau des lacs, des ruisseaux !
L’eau des fontaines, l’eau des sources,
Où, la nuit, vont boire les ourses,
Et, le jour, les petits oiseaux !

Vive l’eau, là-bas, vers les saules,
Qui baigne avec amour les lis
Et les roses de nos Philis.
C’est même un de ses plus beaux rôles.

Oui, que l’eau vive à tout jamais !
Je sais qu’elle se meurt de honte
D’être l’eau, mais au bout du compte,
La malheureuse n’en peut mais.

Il faudrait être plein de vice
Pour ne la point prendre en pitié.
Moi, qui ne l’aime qu’à moitié,
Comme elle rend quelque service,

Je jure sur mon lavabo,
Devant le Seigneur qui m’écoute,
D’en boire parfois une goutte,
Quand il pleuvra sur mon tombeau.