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Je croirais dans mon cœur profaner ton autel,
Si j’osais t’adresser ce culte de mensonge.
Ce que tu m’inspiras fut trop vrai, trop réel ;
Je ne veux pas chanter un songe.
Non ; plutôt qu’a ce point j’avilisse ma voix,
Que ma lyre en éclats se brise sous mes doigts.

Si ma bouche a parlé comme a senti mon âme,
Si ma muse alluma les rayons de sa flamme
Au flambeau de l’amour et de la vérité,
Qu’est-il besoin d’un nom pour assurer ta gloire ?
Sans lui, sans lui mes chants sauront sur ta mémoire
Réfléchir l’humble honneur qu’ils auront mérité ;
Mais s’il faut que du temps l’abîme les dévore,
Si leur frêle existence est promise au néant,
Le prestige d’un nom sonore
Ne les sauvera pas du sort qui les attend.
Que sur moi, la satire épuise en paix sa rage,
Mais qu’elle épargne au moins l’objet de mon amour !
Si j’ai semé du vent, j’affronterai l’orage,
Mais sans livrer ta tête à la honte, à l’outrage,