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Mais tout fuit, mais tout cède au temps qui nous entraîne ;
Et l’homme, qui pensait toujours verser des pleurs,
Découvre avec surprise, et s’avoue avec peine
Qu’il n’est point ici-bas d’éternelles douleurs.

Il avait cru son âme atteinte pour la vie,
Et, fier, il trouvait même au fond de ses chagrins
Un triomphe, à sentir avec plus d’énergie,
A souffrir plus longtemps que les autres humains.

Hélas ! il a subi la loi de la nature ;
Elle temps, par degrés, le tirant d’un long deuil,
Est venu lui ravir ce reste de pâture
Dont la douceur amère enivrait son orgueil.

Égaré dans le vide où notre âme retombe,
Quand de ses passions le feu s’est épuisé,
J’ai besoin de graver quelques mots sur leur tombe,
De peupler le désert où l’amour m’a laissé.