Quoi chanter, quand l’amour, quand la douleur déchire !
Chanter, la mort dans l’âme, et les pleurs dans les yeux !
Paisible spectateur de son propre délire,
Mesurer froidement des mots harmonieux !
Non, ne vous vantez pas que l’amour vous enflamme,
S’il vous permet encor d’autres vœux, d’autres soins,
S’il vous laisse du temps pour épier votre âme,
Pour songer à la gloire et chercher des témoins.
Le ramier, qu’a blessé la flèche déchirante,
Ne fait pas de sa voix retentir les échos ;
Il se tait, et, caché sous son aile saignante,
Abandonne les chants au reste des oiseaux.
J’aimais ! — Dans ce foyer d’une ardeur solitaire,
Plaisirs, penchants, devoirs venaient s’anéantir !
J’aimais ! — Ce mot lui seul était ma vie entière ;
Que m’importaient les noms de gloire ou d’avenir ?
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