Page:Polignac - Poésies magyares, Ollendorff, 1896.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous approche de tout… Ah ! tout paraît plus beau
Quand c’est de loin qu’on le regarde !

Pourquoi donc ai-je appris ? Que ne suis-je resté
Laboureur ainsi que l’avait voulu le ciel !
Je ne souffrirais pas ces tristes insomnies
Qui visitant mes nuits, les rendent infinies.
Comme un oiseau, le rêve, au-dessus de mon âme
La bercerait souvent de ses douces chansons…

Si j’étais laboureur, ou, si j’étais le pâtre
Qui, loin, dans la Pousta, vit comme un solitaire ;
Tandis que son troupeau va quêtant la pâture,
Lui, se met à l’abri sous l’ombre des buissons.
Et, certain que personne ici ne peut l’entendre
Pour son propre plaisir, il joue du chalumeau,

Dimanche, frais vêtu, il court à la chaumière
Où l’attend la belle qui l’aime.
Elle est fraîche, bonne et vive à la besogne,
D’un printemps né d’hier elle a les tendres charmes.
Il donne un baiser qu’on lui rend… il est heureux
Et croit que l’univers est heureux comme lui.