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Un brouillard transparent descendit sur ses bords.
On perçut une voix qui fit cette réponse :
« — Pan et les siens sont morts, mais Dieu vit toujours,
Il n’est plus dans les prés, les bois, mais dans les cœurs.
Les dieux voluptueux ont cessé d’exister.
Il est fini le temps de l’orgueilleux bonheur.
Dorénavant la terre sera aux attristés,
Le plaisir le plus doux : de répandre des larmes,
Et le désert obscur, paisible des forêts
Calmera les douleurs des êtres éprouvés.
Ceux qui ne sont pas tristes sont tous des païens !
C’est Lui qui l’affirma du haut du Golgotha,
Lui, si pieux, si bon, si miséricordieux,
Et qui vint racheter le monde du péché !

Et voilà que vers l’Est, où l’air et les vapeurs
Sont empourprés par les purs rayons de l’aurore,
Touchant d’un bout au ciel et de l’autre à la terre,
                 La croix paraît.


PRÉT À PARTIR[1].


I



En vain, je lutte contre toi,
Ta main osseuse est étendue vers moi,

  1. Le poète publia ces vers en quelques mois avant de mourir.