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Mais ce cri les dépasse encore en désespoir :
Oh ! le grand Pan est mort ! oh ! le grand Pan est mort !
On ne l’entendra plus la flûte à sept tuyaux
Qu’il embouchait souvent pour effrayer les nymphes.
La terre d’à présent est muette, abandonnée,
Les dieux gais et rieurs ne la fréquentent plus.
Finis sont les satyres, les silvains, les naïades !
— Car en chaque buisson vivaient alors des dieux —
Arbres, fontaines, fleurs et gazons sont déserts.
Oh ! le grand Pan est mort ! oh ! le grand Pan est mort !

L’âme de la nature, au loin, s’est envolée,
Les dieux ne viennent plus s’amuser sur la terre.
Adieu la gaieté sans souci !
La conscience est venue rendre les cœurs plus durs,
Et la réflexion uniforme domine.
Oh ! c’est cela, Thamus, que tu prophétisais.
La fin du règne des dieux du paganisme !
Oh ! le grand Pan est mort ! oh ! le grand Pan est mort !

Les bateliers ont entendu, mais sans comprendre :
Il est mort le grand Pan ? ils s’étonnent encore,
Se demandant pourquoi ces pleurs universels.
Puissances qui menez les destinées humaines,
Oh ! portez la lumière en cette obscurité.
Dites, que signifient ces pleurs de la nature !

La forêt frissonna, un zéphir y passait,
Et le noir de la nuit se changea en gris or,