Page:Polignac - Poésies magyares, Ollendorff, 1896.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

Où l’attendent le vin, la folle Melissa,
Mais voici que la voix, énigme dans la nuit,
Pour la troisième fois se fait entendre à lui.
Elle n’a rien d’humain, semble surnaturelle…
« — Qui es-tu ? Que veux-tu ? » fait Thamus effrayé,
Et la voix doucement passe à travers les airs,
On l’entend jusqu’en bas dans le fond du bateau.
Voici ce qu’elle dit : « Écoute, vieux Thamus,
Tu vas être aujourd’hui devin sans le savoir,
Quand tu atteindras la hauteur de Pallentès,
Proclame et crie bien haut que le grand Pan est mort ! »

Et la troupe joyeuse aussitôt fait silence,
Elle ne peut plus boire, se sent rassasiée…
Thamus attend en vain la venue du sommeil,
Il est rêveur, ému, parait se recueillir.
Puis lorsque le navire atteignant Pallentès
Est venu tout prés du rivage,
Il proclame très haut, comme voulait la voix :
Oh ! le grand Pan est mort ! oh ! le grand Pan est mort !

Tout à coup, — vit-on jamais miracle pareil ?
Les pierres, les buissons, les bois ont tressailli,
De sourds gémissements se gonflent en sanglots,
Suivis de cris perçants, de lamentations,
Des soupirs émouvants volent partout dans l’air,
Et des pleurs saccadés, des plaintes déchirantes.