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Avec avidité la coupe des plaisirs.
Adieu, chansons, vins, belles, aux rives du Cocyte ! »

Et le fond du bateau est plus bruyant encore,
Des cris et des clameurs partout remplissent l’air.
Les vins de Cécuba coulent sur le plancher,
On boit à la santé de Tibère empereur.
Un jeune couple se cache sous les rideaux,
Un espiègle lutin va badiner prés d’eux,
D’autres ont commencé une ronde effrénée,
Et les dieux sans soucis et ardents aux plaisirs
Se glissent invisibles au milieu de la danse.
Tout à coup, le pilote entend comme une voix
Qui l’appelle d’un ton lugubre :
« Thamus ! » Qu’est-ce ? il n’est pas étonné qu’on l’appelle,
Mais sa tête est très loin, le vin a troublé ses oreilles.
Encore ? — Mais n’est-ce pas la voix de tout à l’heure ?
— Thamus ! — Attends ! tu ne me joueras plus ce tour !
Vite il gagne le pont… la nuit est adorable !
Les flots scintillent argentés,
La mer reflète doucement
Les étoiles. Sont-ce les doux yeux des naïades ?
Au loin, où les regards s’enfoncent dans la nuit,
Les rives d’Étolie font une tache noire.

Mais Thamus, attentif, promène son regard,
Pas une âme ! Tout est muet, silencieux !
Croyant s’être trompé, il redescend déjà