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LA MORT DE PAN


 
La pourpre du couchant inonde le navire,
De la mer assoupie le cœur bat doucement.
Zéphir, ce vrai gamin, soulève dans sa course
En polisson qu’il est, la tunique des vagues ;
Des vapeurs tiédies se promènent dans l’air,
Et la lune au milieu du ciel crépusculaire
Brille d’une pâle lumière ;
Autour, partout, c’est le silence.

En bas, dans le bateau,
L’air est plein de rumeurs.
Un repas copieux
Des rudes bateliers
Épanouit les cœurs.
On entend se choquer les cruches à long col,
Les dés tournent en rond et les destins trompeurs,
Les font tomber de-ci, de-là.
Sur les genoux des adorées
Les étoffes s’envolent.
Les lèvres sont trempées dans le miel d’Hybla.
« — Embrasse-moi, Lesbie, rendons grâce à la vie !
Vive la fumée des ivresses !
Et vive le désir qui sait boire en tout temps