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Polichinelle

le type de la révolte ; il est affreux, mais il est terrible, vigoureux et vindicatif. Il n’y a ni Dieu ni diable qui le fasse trembler quand il a son gros bâton. À l’aide de cet instrument qu’il promène volontiers sur les épaules de son maître et sur la nuque des officiers publics, il exerce une espèce de justice sommaire et individuelle, qui venge le faible des iniquités de la justice officielle. » C’est bien 1848 et contient autant d’exagération que cette idée qu’eut Champfleury un jour : à savoir que les bosses de Polichinelle sont de fausses bosses ; comme il est très avare, il y cache son or, préférant passer pour pauvre et difforme que de s’exposer à ce qu’on lui emprunte quelque somme. Oui Polichinelle est avare, Brioché le dit qui lui prête ce propos lorsqu’un pauvre aveugle le sollicita : « là, Jacqueline, bâillez les clefs du coffre que je lui donne un patard » ; il est mécréant et révolté mais il n’est pas tribun ; il a de vraies bosses, encore que Magnin rappelle que dans l’ancienne France on prêtait de l’esprit aux bossus, et en revanche on prêtait gratuitement des bosses aux gens d’esprit comme il fut fait pour Adam, surnommé le bossu d’Arras et qui était droit comme un i. Ses bosses sont devenues vraies du jour où il a