Page:Polichinelle, 1906, éd. Kahn.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée
30
Polichinelle

singe Fagotin pour le plus grand plaisir des Parisiens, continua sa vie littéraire, sous deux formes, représenté par des acteurs en chair et en os, ou bien utilisé dans sa formule de marionnettes, et sa présence se manifeste avec éclat au XVIIe siècle, au XVIIIe siècle, au XIXe siècle.

C’est d’abord par Bossuet qu’on en entend parler ; on ne s’attendait guère à voir Bossuet en cette affaire. Pourtant le célèbre rhétoriqueur ne se fit point faute de le proscrire, et c’est au Polichinelle en bois verni et colorié qu’il en voulait. Le préjugé contre les comédiens rejaillissait sur les jouets de Thespis. L’année même de la révocation de l’Édit de Nantes (1686) Bossuet, alors évêque de Meaux, écrit à M. de Vernon, procureur du roi au présidial de Meaux : « Pendant que vous prenez tant de soin à réprimer les mal convertis (les protestants dont la conversion semblait suspecte) je vous prie de veiller aussi à l’édification des catholiques et d’empêcher les marionnettes dont les représentations honteuses, les discours impurs et l’heure même des assemblées, portent au mal. Il m’est bien fâcheux, pendant que je tâche à instruire le peuple, le mieux que je puis, qu’on m’amène de tels ouvriers qui en détruisent plus en un mo-