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Polichinelle

se donne tous les ans à Noël et qui s’appelle la Pastorale. Les Provençaux ont fait pour leur fête de Noël des emprunts très caractéristiques à l’Italie, notamment celui des santons, ces petites figures de terre vernissée et peinte, représentant les types de la Crèche et des personnages populaires qui se mêlent au cortège de l’Étoile et des Rois Mages.

Ces santons furent créés en Italie par saint François d’Assise et l’habitude de les façonner devint régulière en Provence.

Ayant emprunté un détail à l’Italie, les Provençaux ont pu lui en prendre d’autres ; les comédiens d’Italie ne pouvaient point ne pas paraître à la foire de Beaucaire. Quoi qu’il en soit et sans vouloir fixer la priorité d’invention, on trouve, dans la Pastorale, un équivalent du Pierrot, le Pistachier, garçon meunier, par conséquent blanc, naïf et balourd à qui on fait mille farces. Et ses bourreaux ce sont habituellement les Boumians (Bohémiens) ; les Bohémiens tiennent la grande route, tuent, volent et pillent, jusqu’à ce que (il s’agit d’une célébration dramatique de Noël), la grâce divine les terrasse et les adoucisse. Un éclat de foudre frappe le capitaine des Bohémiens, et le rend aveugle ; ce qui lui dessille immédiatement les yeux de l’âme