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Polichinelle

l’explique sans lui apporter une suffisante justification ; c’est certes bien brusque ! mais quoi ! le théâtre espagnol n’offre-t-il pas de semblables et aussi rapides changements d’orientation. L'homme vertueux y écoute la tentation, le chenapan y est inondé des rayons de la grâce sans la moindre préparation. Passons à Polichinelle ce que l’on passe aux héros de Cervantès et de Lope de Véga. Alors qu’il est ainsi devenu cruel, c’est Charlotte, la fille de Scaramouche, qui vient lui reprocher la mort de son père. Quelques paroles suffisent à Polichinelle pour calmer son courroux, sécher ses larmes, lui plaire, s’en faire aimer ! Où avons-nous vu une scène semblable ?... Mais dans Richard III, de Shakespeare, alors que Glocester dans une brusque scène se fait aimer de la duchesse Anne dont il vient d’assassiner le mari.

Polichinelle aurait-il de la lecture ? Il vient à peine de tuer un brave médecin, qui le voyant tomber de cheval, accourait le soigner, que son Shakespeare le reprend ; comme il s’amuse à mener un fracas énorme au moyen d’une grosso cloche, un domestique vient de la part de son maître le prier de se taire. Rosser ce domestique c’est du Polichinelle tout pur, mais au prix