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Polichinelle

recourir aux forces et aux lumières de l’électricité, pour attirer encore quelques personnes, et combien y en a-t-il, de ces survivants d’un type lointain des plaisirs innocents, qui consentent aujourd’hui à ce que leurs chevaux de bois soient des chevaux de bois courant dans l’air libre, au lieu de réfléchir dans des jeux de glaces, la face ardente du lion, le pelage du zèbre, ou simplement l’allure effarée, mais bourgeoise tout de même, de cochons entraînés dans une ronde sabbatique.

Est-ce là la menue monnaie du progrès ? personne n’y consentira ; pourtant l’idée de progrès, l’idée d’évolution y est bien pour quelque chose. Les grands manèges sont comme une affirmation solennelle que l’argent épandu en broderies, en plaques, en nattes, en cascades sur le velours de coton, que les feux inutiles et énergiques, l’exotisme des formes animales et les crachats sonores de cet orgue à vapeur qui écrasa l’orgue de barbarie, sénile, plaintif et si souvent enrhumé de tant de froids pris dans les cours désertes aux fenêtres inexorables, peuvent être la propriété de tous, et qu’à tous il est loisible pour deux sous de tourbillonner dans un mouvant château de lumières. Peut-être au Guignol, se passe-t-il quelque chose de sem-