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Guinée et capturé par les sauvages, était menacé de périr victime de leur barbare cupidité, le jeune comte de Provence courut chez ses frères, leur refit en termes pathétiques le récit qu’il venait d’entendre, les attendrit et leur persuada de contribuer par leurs dons à la délivrance des prisonniers. La cour tint à honneur de suivre le charitable exemple des princes ; grâce à une collecte aussi prompte qu’abondante, deux bâtiments furent immédiatement équipés, et bientôt les malheureux naufragés, rachetés de l’esclavage, arrachés à la mort, revirent le ciel de la patrie en bénissant leurs augustes libérateurs.

Une autre fois, comme les enfants de France suivaient la chasse royale en voiture découverte, dans la forêt de Compiègne, ils arrivèrent sur la lisière d’un petit champ récemment défriché, que le cocher voulut traverser afin d’abréger le chemin.

— Non, non, s’écria le comte de Provence avec une généreuse énergie, il ne faut pas que, pour hâter notre plaisir, on foule aux pieds les sueurs du pauvre !

Le lieutenant de monsieur le Dauphin, dans la charge délicate de diriger et surveiller l’éducation de ses fils, était le duc de la Vauguyon[1], gentilhomme de principes rigides, de mœurs austères, qui

  1. Paul-François de Quélen de Stuer de Caussade, duc de la Vauguyon, né en 1746, ministre des affaires étrangères du 11 au 16 juillet 1789, ministre d’état de Louis XVIII dans l’émigration, pair héréditaire, chevalier des ordres, etc., mort en 1828.