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enfants les leçons qu’on n’osait faire aux pères, elle craint moins un prince dans le tombeau qu’un paysan dans sa chaumière. »

En même temps que leur esprit, le Dauphin s’appliquait à former le cœur de ses fils, saisissant et souvent faisant naître les occasions de leur donner, à côté de nobles exemples de dignité, des leçons touchantes d’humanité.

« Conduisez-les, disait-il, dans la chaumière du paysan, qu’ils voient le pain dont se nourrit le pauvre et qu’ils apprennent à pleurer : un prince qui n’a jamais versé de larmes ne peut être bon. »

Un jour, il se fit apporter le registre des baptêmes, et montrant aux jeunes princes leurs noms inscrits au-dessous des noms des plus humbles : « En vous voyant ici, leur dit-il, confondus avec les enfants du peuple, apprenez que les distinctions dont vous jouissez ne viennent pas de la nature, qui a fait tous les hommes égaux ; la vertu seule met entre eux une véritable différence, et, peut-être, l’enfant d’un pauvre, dont le nom précède le vôtre, sera-t-il plus grand aux yeux de Dieu que vous ne le serez jamais aux yeux du peuple. »

Le comte de Provence mit de bonne heure à profit ces généreuses leçons, et les gazettes du temps enregistrèrent à son éloge des traits d’attendrissante bonté, qui prouvaient que le disciple était digne du maître et que la semence du bien n’était point tombée sur un terrain stérile.

Gomme on rapportait en sa présence que l’équipage d’un navire français, échoué sur les côtes de