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Et seule, abandonnée, interrogeant le sort,
Elle cherche à survivre à ses belles victoires,
Et chancelant soudain, dans un suprême effort,
Enlace le drapeau qui lui redit ses gloires.
Cette étreinte magique électrise son cœur,
Sa tête se redresse et son œil qui s’anime,
Embrasse, menaçant, le nouveau champ d’honneur
Qui doit l’ensevelir dans son élan sublime.

Comme aux jours glorieux, à la voix du clairon,
Ses derniers combattants dressent leur haute taille,
Et l’héroïque armée, ainsi qu’à Carillon,
Sous l’ordre de Montcalm marche vers la bataille.
Peuple suis-la, hélas ! aux plaines d’Abraham !
Avec elle s’éteint ta dernière espérance,
Que ton cœur soit rempli du soupir de Montcalm,
Avec lui tombe aussi le drapeau de la France.