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Mais son astre fuyait derrière l’horizon,
Et celle qui jadis, au milieu des tempêtes,
Avait puisé la force et porté haut le front,
N’écoutait qu’en tremblant, la voix des faux prophèts,
Qui de loin lui creusaient un immense tombeau.
Dans tous les cœurs témoins de ses luttes célèbres,
Réveillant les martyrs tombés pour le drapeau,
Ses sanglots résonnaient comme des glas funèbres.
Les échos du grand fleuve, effrayés, tout en pleurs,
Jetaient aux quatre vents sa ruine prochaine,
Tandis qu’ivre de sang, riant de ses douleurs,
La superbe Albion rivait sa lourde chaîne.

Déjà, sur l’océan, à l’horizon, là-bas,
Sa flotte fièrement vers nos rives s’avance,
Et l’on voit, par milliers, ses orgueilleux soldats,
Fouler le sol béni de la Nouvelle-France.