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Mais soudain, le malheur sur ta tête vint fondre,
Le mal en son génie enivra ta grandeur,
Toi, jusqu’alors si sage, on t’entendit confondre,
Nier le bien, le mal, la vérité, l’erreur.
Il ne resta de toi qu’une ombre, qu’un fantôme,
Se promettant en vain les jours qui n’étaient plus ;
Un souffle empoisonné, le souffle de Sodome
Avait terni l’éclat de tes nobles vertus.

Voltaire, dominant ta grande âme affolée,
L’enflammait de ses chants, et d’irreligion ;
Sapant l’Autorité, l’Église désolée,
Il préparait gaîment la révolution.
Ton trône d’où partaient les oracles du monde,
Où venaient soupirer les voix de l’univers,
Chancelait et grondait, comme chancelle et gronde,
Un chêne décimé que bat le flot des mers.