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MORALE PRIVÉE.

où l’auteur a transporté dans les campagnes cette même population de fripons, d’hypocrites, de voleurs, qu’il nous avait déjà montrée dans les villes ! Un effroyable assemblage de tous les vices et de toutes les abjections, voilà l’homme tel que le peignent nos romanciers ; des infamies qui font monter le rouge au front, quand elles ne donnent pas des nausées, voilà les inventions où leur fantaisie se joue : c’est dans cette fange qu’ils vont chercher de quoi réveiller la curiosité d’un public indolent ou blasé.

Le théâtre a eu recours aux mêmes ressources. Il a exploité tous les genres de l’horrible. Il a épuisé toutes les atrocités de l’histoire ; il a produit à la lumière de la scène toutes les sombres créations du roman, et jusqu’aux grands crimes dont s’était émue la curiosité contemporaine. Il faudrait quasi citer tous les drames et mélodrames joués depuis trente ans, pour donner une idée de cette littérature. Nous avons eu déjà occasion de parler des œuvres dramatiques qui ont inauguré dans l’art moderne cette ère de véritable décadence : Lucrèce Borgia^ Le Roi s’amuse, Mmne Tudor, Angelo, Antony. A ces œuvres principales, il faudait ajouter ces innombrables pièces auxquelles on a donné le nom