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plutôt être recherchées que leur régularité. Ce n’est pas à dire pourtant que la beauté artistique doive être mise de côté d’une manière absolue ; on pourra, au contraire, s’estimer heureux de la rencontrer, pourvu toutefois qu’elle ne nuise en rien à la vigueur ou à l’énergie de l’animal qui la présentera. Et à ce propos, je puis dire qu’on ne la verra que rarement remplissant cette condition ; car, pour qu’un cheval soit véritablement beau, il faut qu’il présente des saillies et des angles osseux, quelquefois même assez proéminents, qui sont loin de lui donner des formes moelleuses et flattant la vue ; tout au plus pourra t-on la trouver limitée dans quelques régions qui, dans ce cas, seront pour le vulgaire comme des joyaux jetés au milieu d’un accoutrement grossier.

Pour faire voir que la beauté du cheval réside moins dans la régularité des formes que dans leur puissance, il me suffira de citer un fait à la portée de tout le monde : avant que la traite des nègres fût abolie, on recherchait plutôt chez eux une musculature puissante que la beauté du visage et des formes ; et cela, il en coûte de le dire, parce qu’on les assimilait à des bêtes de somme. À peine leur attribuait-on les mêmes privilèges qu’aux brutes, et, les considérant comme tels, on n’estimait chez eux que ce qui était un indice de force et de vigueur. Il faudra donc, et à fortiori, rechercher ces dernières qualités chez le cheval, puisque, le plus souvent, il est employé à des travaux pénibles.

Que faut-il donc pour qu’un cheval soit beau ? La réponse se déduit, il me semble, des considérations dans lesquelles je suis déjà entré, et on acceptera sans difficulté qu’un cheval beau est celui qui possède des formes le rendant le plus apte possible au service qu’il est appelé à remplir. Tout est là, un cheval remplissant bien ces conditions, sera la perfection même pour le vrai connaisseur ; il pourra bien se faire qu’un sportsman