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l’exposant assez grand pour que la puissance tombe au-dessous d’une fraction donnée. C’est en cela que consiste la différence essentielle entre une chose absolument impossible et un événement E dont la chance est extrêmement petite : la chose impossible, n’arrivera jamais, et l’événement aussi peu probable qu’on voudra, arrivera toujours, très probablement, dans une série d’épreuves assez longtemps prolongée.

Par la formule du binôme, on a

 ;

si est un très grand nombre, et qu’on remplace , , etc., par , on aura, à très peu près,

 ;

série qui est le développement de , en désignant par la base des logarithmes népériens ; il en résultera donc

,

pour la valeur approchée de . Dans le cas de , cette valeur sera le rapport de à . Par conséquent, si la chance d’un événement E est l’unité divisée par un très grand nombre , il suffira d’un pareil nombre d’épreuves pour qu’il y ait une probabilité , ou à peu près égale à 2/3, que E arrivera au moins une fois.

(9). Lorsque deux événements E et E1, ne sont point indépendants, c’est-à-dire, lorsque l’arrivée de l’un influe sur la chance de l’autre, la probabilité de l’événement composé de E et E1 est égale à un produit dans lequel représente la probabilité de l’événement E qui doit arriver le premier, et exprime la probabilité que E étant d’abord arrivé, E1 arrivera ensuite.

Ainsi, et désignant les nombres de boules blanches et de boules noires contenues dans une urne A, et leur somme  ; si E est l’arrivée d’une boule blanche à une première épreuve, et E1 celle d’une boule blanche à un second tirage, sans qu’on ait remis la boule sortie