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bre peu considérable d’observations faites avec soin, on a reconnu qu’une substance donnée, dévie le rayon polarisé à droite de l’obser-

    droite, soit à gauche, il se partage entre les deux réfractions, exactement comme s’il avait d’abord traversé un premier rhomboïde dont la section principale serait parallèle au plan dans lequel la réflexion a eu lieu. Et généralement toutes les propriétés du rayon polarisé sont symétriques autour de ce plan.

    » Ceci reconnu, on interpose dans le trajet du rayon polarisé, un tube creux terminé par des glaces minces, et successivement rempli de liquides divers, qui, tous, se présentent ainsi au rayon sous l’incidence normale. Puis on analyse de nouveau ce rayon après son émergence ; et l’on observe les phénomènes suivants.

    » L’eau, l’alcool, l’éther et beaucoup d’autres liquides ne troublent pas sensiblement la polarisation primitive du rayon. Car on lui retrouve toutes les propriétés physiques qui la caractérisaient.

    » Mais d’autres liquides, par exemple les essences de citron et de térébenthine, certains corps solides non cristallisés, et même certaines vapeurs, troublent cette polarisation. Car le rayon, qui les a traversés sous l’incidence normale, donne des images doubles, dans les mêmes positions du prisme rhomboïdal où il en donnait primitivement de simples. Alors, en tournant graduellement la section principale du prisme vers la droite ou vers la gauche de l’observateur, on trouve toujours une certaine position ou l’image extraordinaire disparaît. Et, pour cette position, le rayon présente de nouveau tous les caractères d’une polarisation complète. De sorte que le plan de polarisation primitif a été seulement dévié angulairement par l’action du corps interposé.

    » Pour chaque substance, prise dans un même état physique, et agissant sur un même rayon, la quantité absolue de la déviation est proportionnelle à l’épaisseur de matière traversée ; de sorte que le sens dans lequel elle croît, fait connaître de quel côté elle s’exerce. Certaines substances l’opèrent vers la droite, d’autres vers la gauche de l’observateur, pour les mêmes rayons ; et, si on les mêle ensemble, sans qu’il s’exerce entre elles de réaction chimique qui les dénature, la déviation résultante est toujours la somme des déviations partielles qui auraient été opérées isolément par les mêmes quantités pondérables de chaque substance.

    » Ces phénomènes de déviations progressivement croissantes, opérées dans un sens propre, par des milieux homogènes agissant sous l’incidence normale, ont été présentés à l’Institut le 28 octobre 1815. Ce sont les premiers faits de ce genre qui aient été découverts, et reconnus dans leur caractère progressif. La découverte de M. Œrsted, qui présente un semblable caractère, leur est postérieure de plusieurs années. »