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ticulier, il faudrait n’employer que des valeurs de A observées sous cette influence ; toutefois, afin de n’avoir pas besoin d’un trop grand nombre d’années d’observations, ces valeurs pourraient répondre à plusieurs jours consécutifs, pendant lesquels la direction du vent aurait peu changé. Plusieurs savants s’occupent maintenant de cet examen, qui exigera un long travail, et ne manquera pas de conduire à des résultats intéressants.

(63). L’exposition des règles du calcul des probabilités et de leurs conséquences générales, qui a été faite dans ce chapitre et dans le précédent, étant actuellement complète, je reviens sur la notion de cause et d’effet, qui est seulement indiquée dans le no 27.

La cause propre d’une chose E est, comme on l’a dit dans ce numéro, une autre chose C qui possède une puissance de produire nécessairement E, quelles que soit d’ailleurs la nature de ce pouvoir et la manière dont il s’exerce. Ainsi, ce qu’on appelle l’attraction de la terre est une certaine chose qui a la puissance de faire tomber les corps situés à la surface du globe, dès qu’il ne sont pas soutenus ; et de même, dans notre volonté, réside un pouvoir de produire, par l’intermédiaire des muscles et des nerfs, une partie de ces mouvements que l’on nomme, pour cette raison, mouvements volontaires. Quelquefois, dans la nature, la chose E n’a qu’une seule cause C qui puisse la produire, de sorte que l’observation de E suppose toujours l’intervention de C. Dans d’autres cas, cette chose peut être attribuée à plusieurs causes distinctes, qui concourent ensemble, ou qui s’excluent mutuellement de manière qu’une seule ait dû produire E.

Telles sont, en ce qui concerne le principe de la causalité, les idées les plus simples et que je crois généralement admises. Cependant l’illustre historien de l’Angleterre a émis sur ce point de métaphysique, une opinion différente qu’il convient d’examiner, et sur laquelle le calcul des probabilités peut jeter un grand jour.

Selon Hume[1], nous ne pouvons avoir d’autre idée de la causalité que celle d’un concours et non d’une connexion nécessaire entre

  1. Essais philosophiques sur l’entendement humain ; septième essai : de l’idée de pouvoir ou de liaison nécessaire.