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Quand Décembre grelotte on voit l’orme qui plie
Sous la neige tombée en flocons miroitants,
Et sous son froid linceul la plaine ensevelie,
Frileuse, se dérobe aux baisers des autans.
Ainsi l’homme qui touche au terme de sa course
En vain veut se raidir sous le poids lourd des ans ;
Heureux encor si Dieu lui dérobe la source
Où sont les souvenirs cuisants !


La Nature du moins revient à sa jeunesse
Et reprend ses oiseaux, ses chants et ses gazons,
Tandis que l’homme, lui, courant vers la vieillesse,
Ne passe qu’une fois par ses quatre saisons !
Le gazon se refait, la fleur se renouvelle,
Tout sous le grand ciel bleu chante : resurrexit !
La jeunesse qui fuit malgré qu’on la rappelle
Jamais deux fois ne refleurit !