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Au chaud soleil d’Août tombent les blondes gerbes.
Adieu la marguerite aux calices penchants !
De plus robustes fleurs vont émailler les herbes,
De plus acres parfums vont embaumer les champs.
À l’été de la vie ainsi le temps dévore
Des espoirs nés d’hier et mûris à moitié.
L’amour frêle se fane et le cœur voit éclore
La forte fleur de l’amitié.


Sur le ciel gris d’Octobre on voit l’épais bocage
Secouer à regret son feuillage jauni.
Sous les vents déjà froids qui soufflent avec rage
Le fruit tombe de l’arbre et la plume du nid.
Ainsi quand l’homme arrive à sa saison d’automne
Il voit se disperser tous ses espoirs flétris,
Et l’hiver dans son cœur que la vieillesse étonne
N’entassera que des débris !