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Lorsque le sombre ennui, forçant ma solitude,
S’empare de mon rêve et me suit pas à pas
Vers le temple désert que fuit la multitude,
Je vais, négligeant tout, le travail et l’étude,
Prier pour toi, mon père, et te parler tout bas.

Pour ce devoir sacré toujours je choisis l’heure
Où la brume du soir obscurcit l’horizon,
Et quand le paysan rentre dans sa demeure,
Visiteur assidu de l’être que je pleure,
Pour la maison de Dieu je laisse ma maison.

Au dessus de la pierre, agenouillé, je prie ;
Je sens monter en moi le calme intérieur
Et crois entendre alors, ô douce rêverie !