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Cette pensée, hélas ! vainement je l’écarte.
Mes forces qui s’en vont, ma voix qui s’affaiblit,
Ma taille qui se voûte et mon teint qui pâlit,
Tout me dit que bientôt Dieu pour ma récompense
Va m’appeler à lui ; je pleure quand j’y pense !
Il est si bon de vivre ainsi parmi les siens !
Tant de bien reste à faire à mes chers paroissiens,
Tant d’âmes ont besoin d’un mot qui les console
Que Dieu peut m’oublier sans que je m’en désole ! »


Et j’écoutais, ému, le modeste curé
Qui tout à sa paroisse, à son devoir sacré,
Sous le regard de Dieu vit dans l’oubli du monde
Et poursuit sa carrière en miracles féconde.
De sa main défaillante, il bénit les berceaux,
Verse la paix suprême au-dessus des tombeaux,
À tous ceux qu’il aimait s’étonne de survivre ;
Et seul le bien qu’il fait le console de vivre !