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Connaissent comme nous les peines domestiques.
Dans ces humbles foyers j’étais le bienvenu ;
J’y trouvais tous les ans plus d’un nouveau venu,
Et bien souvent aussi plus d’une place vide,
Car, dans son cours fatal, la mort toujours avide,
Moissonnant sans compter les jeunes et les vieux,
Semble m’épargner seul sans faire d’envieux !


Et laisser tout cela ! Laisser mon presbytère,
Ce toit qui protégea mon existence austère !
Laisser mon humble église où le ciel m’a souri,
Où du céleste pain trente ans je fus nourri !
Quitter ces braves gens confiés à ma garde
Et qui tous m’aiment tant ! Ah ! que le ciel m’en garde !
Aussi je me redresse, et, chêne encor debout,
Je me ris de la faulx qui moissonne partout.
Pourtant je sens qu’un jour il faudra que je parte.