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Offrir à l’étranger l’hospitalité sainte,
Levez vos fronts pensifs et défilez sans crainte.
La France américaine, ô Germains, voit en vous
Non de fiers ennemis ni des vainqueurs jaloux,
Mais de pauvres proscrits qui, les yeux pleins de larmes,
Ont quitté pour toujours le Fatherland en armes ;
Car devant le malheur la froide inimitié
Dans un cœur généreux se fond vite en pitié.
Vous voyant défiler, la foule soulagée
Se dit le ciel est juste et la France est vengée !


Ils ne font que passer. Chauffant pour le départ,
Le train qui les attend va partir sans retard.
La machine de feu déjà brûle l’espace…
Salue, ô Canada, l’Allemagne qui passe
Et va chercher plus loin pour ses fils malheureux
Un plus paisible toit, un sol plus généreux.