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Ceux qui, tombés vaincus, sont demeurés sans tombe.
Tu pourrais, sans pitié pour leur folle terreur,
Offrir cet holocauste à leur jeune empereur…
Mais non, tu restes calme, et ta vague docile
Doucement bat les flancs du navire qui file ;
Car dans les profondeurs de la cale sont là,
Suivant dans leur exil tous ces fils d’Attila,
Des femmes que la mer rend pâles, trébuchantes,
Des enfants au berceau dont les plaintes touchantes,
S’échappant vers le ciel à travers les hublots,
Ont calmé ta fureur et fait taire tes flots.
Le navire creusant son mobile sillage
Atteindra sûrement le terme du voyage.


Le jour est revenu. Le fleuve rétréci
Laisse voir de plus près ces deux rives. Ici