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Approche avec lenteur de ces sombres rochers,
Nid des oiseaux de proie et tombeau des nochers.
Pour guider le vaisseau qui lutte dans la brume
La cloche sonne au loin et le phare s’allume.
Le navire y répond par son sifflet strident.
Ô golfe, ô vaste golfe au flot toujours grondant,
Ô l’immense estuaire où se perd le grand fleuve,
Que ton onde soit calme ou que le vent la meuve,
Le regard ébloui de ta sombre grandeur,
En vain cherchant tes bords, admire ta splendeur.
Tu berces le vaisseau sur tes vagues hautaines,
Et quand du jour qui naît les lueurs incertaines
Ont glissé sur les eaux de l’abîme béant,
Le marin croit voguer sur un autre océan !


La rive a disparu ! Sondant en vain l’espace,
Le regard ne voit rien qu’un goëland qui passe,