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Ce pays de guerriers farouches et pillards.
N’a pas encore assez, France, de tes milliards.
Ironique destin ! la puissante Allemagne
Qui sur le Rhin rêva les jours de Charlemagne,
Et mire dans ses flots ses drapeaux triomphants,
Voit fuir de leurs foyers ses robustes enfants.
Oui, ceux qu’a réunis la haine de la France,
Bavarois et Saxons qu’une même espérance
— Voir la Gaule écrasée — a rués sur Paris,
Par la sombre misère aujourd’hui sont proscrits.
Ces fiers soldats, l’orgueil de l’invincible armée,
Loin du pays natal s’en vont, troupe affamée,
Fuyant de lourds impôts et de plus lourdes lois,
Au pays de Chactas rêver à leurs exploits.
Ce vainqueur arrogant qui jadis faisait boire.
Son coursier dans les eaux surprises de la Loire,
Fuit la patrie et va, près du Meschacébé,
Sans honte demander, sur la glèbe courbé,
Du pain car il a faim, et la paix, car la guerre,