Vont-ils, tentant les flots du superbe océan,
Chercher un gîte aux bords de quelque lac géant ?
L’Irlande aux verts coteaux est-elle leur patrie ?
Viennent-ils du midi, de la rive fleurie
Que baigne avec orgueil le Tage au flot profond,
Ou l’Arno paresseux, le Tibre vagabond ?
Vont-ils troquer, enfants du pays scandinave,
Leur robuste métier pour un travail esclave ?
Marins de Saint-Malo, paysans du Béarn,
Vont-ils, laissant les bords de la Manche ou du Tarn,
— Reprenant le passé — retrouver presqu’au pôle
Les colons oubliés, fils de l’ancienne Gaule ?
Non ! Car l’aigle qui plane au grand mât tristement
Nomme au vaisseau qu’il croise un navire allemand.
Ce fier pays hanté par l’esprit de conquête,
Vrai cauchemar pesant sur l’Europe inquiète,
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