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Embrasse dans son vol le sol américain,
Tandis que vers le Nord le lion britannique,
Près du voisin jaloux devenu pacifique,
Contemple avec orgueil l’un et l’autre océan
Et jusqu’au pôle a mis sa griffe de géant.
Du vieux monde affamé c’est la Terre Promise :
Les rives de l’Escaut, les bords de la Tamise,
Les champs de Lombardie et les plaines du Rhin
Fournissent leur tribut au nouveau suzerain.
Ici pour oublier leurs anciennes disputes
Et le jeu meurtrier de leurs sanglantes luttes,
De l’ancien continent trois grands peuples rivaux
Poursuivent dans la paix leurs immortels travaux ;
Et dans le noble effort de leur triple génie
La superbe Albion, la blonde Germanie
Et la Gaule héroïque ont sur ces bords lointains
Oublié leur fierté sans mêler leurs destins.
Terre, ce sont les bras oisifs de l’ancien monde,
La sueur du proscrit qui te rendent féconde.