Page:Poisson - Heures perdues, 1895.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 201 —

Le silence est partout. L’astre des nuits, rapide,
Descend vers le couchant, puis l’orient se teint,
Grâce à l’aube qui luit, des blancheurs du matin.
Du continent nouveau portant la bienvenue,
Une troupe d’oiseaux sauvages est venue
De l’horizon brumeux. Hardis et familiers,
Ils viennent sur le pont s’abattre par milliers.
Plus qu’au temps de Colomb ils sont amis de l’homme ;
Sans demander comment le navire se nomme,
Qu’il vienne de Norvège ou des ports du Levant,
Quelque soit le drapeau qui flotte au gré du vent,
Qu’importe du marin le langage ou la race,
Escortant tout joyeux le navire qui passe,
Ils lui font fête, et par leurs cris et leurs ébats
Provoquent sur le pont un joyeux branle bas.
Car ils sont messagers d’une bonne nouvelle ;
L’instinct les a conduits de la terre nouvelle
Au devant du vaisseau qui, pour atteindre au port,
Chauffe avec plus d’ardeur, souffle avec plus d’effort.