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Le malheureux ! Il croit n’être plus un poète,
Car le chiffre brutal qui roule dans sa tête
Est maître de la place et s’érige en vainqueur,
Rétrécissant l’esprit et desséchant le cœur.
Et lui, tout glorieux de sa métamorphose,
En adroit financier voilà déjà qu’il pose.
Il ne parle que chiffre il hante désormais
La bourse sombre au lieu des lumineux sommets.


Mais, ô retour fatal ! la Muse vengeresse
Le surprend dans la nuit, le tourmente, le presse,
L’affole sans pitié ; car à peine il s’endort
Que dans son rêve il jongle avec les rimes d’or !