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Ô frère, ne crains rien. La moisson sera bonne.
Pour que l’humanité survive à nos assauts,
L’éternel pourvoyeur fait surgir deux berceaux
Pour chaque être créé que notre faulx moissonne.


Ce globe aura toujours de pâles habitants.
Pour notre œuvre de mort partout germe la vie,
Afin qu’en notre ardeur toujours inassouvie
Sans merci nous frappions jusqu’à la fin des temps.


Pourtant, dit l’an nouveau, de ma courte carrière
Puis-je par des bienfaits parfois marquer le cours,
Prolonger des humains les trop rapides jours,
Et sourire aux berceaux sans ouvrir une bière ?