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Puis mon esprit vola vers le pays du rêve,
Et ma plume courut, sans repos et sans trêve ;
Le vers coula rapide, et sous le feu sacré
Je sentis frissonner tout mon être enivré.
Pendant ce temps la lampe, auprès de moi placée,
En éclairant mon front réchauffait ma pensée ;
Témoin de mon travail, son regard vigilant
Voyait le vers éclore en mon cerveau brûlant !
Moments remplis d’ivresse ! Heures délicieuses
Des rêves enchantés, des muses gracieuses !
Ton silence enveloppe, ô belle et calme nuit,
Le poète qui veille et la lampe qui luit !


Mais la fatigue vint. Ma plume nonchalante
Sur le papier courut moins agile et plus lente ;
La muse au léger vol cessa de caresser
Mon front lourd et déjà fatigué de penser,